Mars 2020 : quand les Ateliers de la Sauterelle confectionnaient des masques…
En mars 2020, pendant le confinement, j'ai été interviewée par la presse locale avec d'autres couturières de la région. Nous nous sommes mobilisées pour confectionner des masques de protection en tissu en pleine épidémie de coronavirus. Découvrez l'article rédigé par Johan Bozon, publié dans le supplément du Journal de Saône-et-Loire le lundi 30 mars 2020.
Confinées, elles confectionnent des masques pour les autres.
Depuis le début de la crise sanitaire, des habitantes du Mâconnais se mobilisent chez elles pour fabriquer des masques de protection. Depuis bientôt deux semaines et encore au moins jusqu'au 15 avril, toute la France vit au rythme du confinement à domicile lié à l'épidémie de coronavirus. Une partie du temps passé chez elle à Crêches-sur-Saône, Mylène Chatelain a décidé de le consacrer aux autres. Depuis environ une semaine, cette psychologue scolaire a voulu mettre à profit ses compétences de couturière loisir. « J'estime avoir de la chance de pouvoir rester confinée chez moi avec mes enfants. Cette chance, d'autres ne l'ont pas, alors je donne juste un peu de mon temps. »
Une centaine de masques déjà produits
Il y a quelques jours, un échange avec une amie a été le déclic. « Elle est nounou et garde les enfants d'une personne qui travaille dans un EHPAD. Elle m'a envoyé un message après l'avoir vue partir désespérée parce qu'elle n'avait pas de masque. »
Depuis, Mylène dit avoir produit une centaine de masques en tissu selon le patron partagé par le CHU de Grenoble. Une trentaine est allée à des salariées de l'Association de soins et services à domicile (Assad) de Mâcon, d'autres dans deux EHPAD…
« Des chauffeurs routiers, qui recommencent le travail lundi, m'en ont également demandés. » Autour de Mylène, tout un petit réseau s'est organisé. À commencer par ses enfants qui donnent la main pour découper les tissus et préparer les pièces. « Et puis quand j'ai manqué d'élastiques, une entreprise m'a donné du ruban. Quand je n'ai plus eu de molleton, c'est une dame du village qui est venue… », décrit Mylène. Les dons se font ensuite en sécurité. « J'accroche les sacs à une fenêtre, dehors. Je n'attends rien en retour, mais l'autre jour, quelqu'un m'a laissé des œufs. Il y a un réseau de solidarité qui s'organise. »
« Tous ceux qui en ont besoin, on leur donne »
Nadia Broyer a également réussi à fédérer un réseau autour d'elle. Cette infirmière préleveuse dans le privé, résidant à Saint-Jean-le-Priche, a mobilisé quatre autres couturières ainsi que ses enfants pour la confection de masques. Grâce à eux, quelque 70 équipements de protection en tissu, façon CHU de Grenoble, ont été distribués depuis le 15 mars.
« Tous ceux qui en ont besoin, on leur donne », explique Nadia Broyer. Créative, Nadia Broyer travaille également sur des surblouses fabriquées avec des sacs-poubelle. « Ce dimanche matin, j'ai récupéré de nouveaux sacs pour en faire, précise la Mâconnaise. J'utilise un soude-sac, ça fait gagner beaucoup de temps. C'est le système D. »
Titulaire d'un diplôme dans le milieu de la mode, Bylitiss Charvet, une Mâconnaise, a également renoué avec la couture. « Ma mère travaille dans le domaine de l'aide à la personne, j'ai une amie qui travaille à l'hôpital et ma sœur est toujours en poste dans l'alimentaire. J'ai pensé que je pourrais aider aussi. Au lieu de ne rien faire chez moi… », explique-t-elle. Les petits ruisseaux font les grandes rivières et Bylitiss a confectionné six masques en utilisant un tutoriel chinois. « Il permet de glisser de nouvelles compresses entre deux morceaux de tissu », décrit la Mâconnaise. Cependant, sa production a été interrompue par une pénurie d'élastiques. « Une amie m'en a apporté quatre, donc c'est reparti et j'ai vu sur Facebook qu'une personne utilise du ruban. »
Johan BOZON